4-La quatrième étape, d’une quinzaine de kilomètres, relie Montverdun à Montbrison. Nous marcherons donc par monts et par monts. Après avoir  laissé derrière nous l’hôtel du Matin Calme, nous commençons notre montée du mont d’Uzore, à travers la forêt. Très vite, notre regard est attiré par des insignes représentant un coquillage cloué sur les arbres, à intervalles réguliers. Il s’agit de marques de reconnaissance laissées par les membres d’une secte, aujourd’hui pratiquement éteinte, les « Adorateurs du Compost». Ses membres vouaient un culte aussi étrange qu’incompréhensible à cette décomposition aérobie de matières azotées et carbonées. Comme toute secte, elle a eu ses adeptes serviles, ses gourous, ses obédiences, ses extrémistes. Un des mouvements prônait l’apport de 1/3 de matières carbonées pour 2/3 de matières azotées pour un compost idéal . L’obédience opposée, bien que minoritaire, voulait imposer les proportions inverses. Un grand prêtre, François Baies-Rouges, tenta de concilier tout le monde en adoptant une position centrale avec un mélange 50% de C et 50% de N (oui, j’avoue, j’ai été tenté un moment par cette secte et en adopte parfois certains symboles). Les cérémonies étaient toutefois assez simples. Les fidèles étaient réunis devant le tas de compost, le grand prêtre y jetait les matières adéquates (donc des matières azotées et carbonées dans les proportions exigées par l’obédience à laquelle il appartenait), il récitait les prières et terminait toujours en adressant la question rituelle à ses fidèles en semi transe : « Mes chers composteurs, la Matière se Composte-t-elle? ». Les répondaient par l’affirmative, ensuite chacun rentrait chez soi par divers Chemins et allait déguster une poêlée de Saint-Jacques à la crème. Malheureusement aujourd’hui, cette secte est en décomposition.